KAIROS
première vendredi 3 mars 2023, Maison de la Culture d'Amiens
C'est aujourd'hui, la France, la Thaïlande, le Congo, Cuba, entre juillet et novembre.
C'est d'abord l'histoire d'un auteur qui, lors d'un festival de théâtre important, obtient ce qu'il veut : le succès. Et qui réalise que, derrière la reconnaissance, il n'y a pas la magie qu'il espérait. C'est aussi l'histoire d'une actrice qui galère, et qui n'en finit pas de courir derrière sa vocation. C'est enfin l'histoire d'une multinationale, Kairos, un conglomérat du net et du luxe, qui souhaite réaliser une OPA sur la pensée mondiale pour en protéger la diversité. Et puis c'est l'histoire de la comédienne et de l'auteur, entre Paris, l'Anjou, la Thaïlande, et, plus largement, celles de gens qui s'aiment et qui aimeraient trouver un sens plus grand à leur existence.
Au bout de quatre épisodes, ce serait finalement l'histoire de nos vies, et du sens qu'on y met quand on a réalisé que ce qu'on désire n'en finit pas de reculer. Et, encore plus amplement, ce serait l'histoire d'amours avec un grand S, anciens amants, famille, nouveaux amis, sororités, protections.
Kairos est une série théâtrale en 4 épisodes, qui court sur quelques mois et prend la forme du scénario d'une série énoncée par ses propres protagonistes. Le temps d'une gloire, d'une chute, d'un fracas et d'une possible rédemption.
texte et mise en scène : Nicolas Kerszenbaum
collaboratrice artistique : Emmanuelle Péron
avec : Marie-France Alvarez, Denis Ardant, Ulysse Bosshard, Aymeric Lecerf, Christophe Luiz, Jean-Christophe Quenon, Pauline Ribat
musiciens : Guillaume Léglise, Sarah Métais-Chastanier
scénographie : Margaux Nessi (assistée de Carlo Biggioggero)
création lumières : Alexandre Schreiber
régie son : Guillaume Vannier
régie générale : Mickaël Varaniac Quard
production : Les Tréteaux de France – CDN ; compagnie franchement, tu
coproduction : Maison de la Culture d'Amiens
soutiens : le 104 – Paris ; La Chartreuse – CNES ; Institut Français (dispositif Hors les Murs) ; Ambassade de France à La Havane ; Alliance Française de Cuba ; Institut Français du Congo ; Centre Intermondes de La Rochelle ; Maison des Ecritures de La Rochelle.
Dans un petit espace mais selon un travail précis, les acteurs jouent tous à la perfection les enjeux et émotions de leurs personnages. Kairos fait travailler comme rarement l’imagination du spectateur, alors prêt à accepter un dialogue entre un personnage et la lune avec l’approbation de Mars et de Saturne, à écouter le chœur des fleurs envolées de la chemise de Théo, ou encore à entrer dans des querelles familiales bien terriennes. Il ressent la pluie chaude en Thaïlande, l’inconfort pour un adulte d’un lit d’enfant et croit l’histoire qu’on lui raconte. Prions les dieux du théâtre (surtout Dionysos à qui il est rendu hommage ici) pour que rien n’abime cette série loufoque, légèrement angoissante et débordante d’émotion. Les comédiens jouent avec maîtrise, sincérité, et une touche finalement très originale. Un spectacle fait pour être joué là où le public peut être facilement «distancié». Qu’attend-t-on ?
Christine Friedel, Theatredublog